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MAKA HANNYA HARAMITA SHINGYO - DESHIMARU
Méditation zen et Sûtra. Le Maka Hannya est certainement le sutrâ le plus chanté dans les temples et pagodes, en guise de cérémonie de clôture d'une session de méditation. La première partie du sûtra dit de la sagesse au-delà débute avec de simples mots "Kan Ji Zai bosatsu" , littéralement "Observez la liberté en elle-même de l'homme éveillé" - l'affranchissement de l'être par rapport à ses six sens, à son karma. Comment s'éveille-t-on de soi-même ?
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Traduction et Commentaires du Maka Hannya Haramita Shingyo par maître Taisen Deshimaru
Maître Deshimaru a fait le vœu de réciter ce sûtra une centaine de fois par jour, pour le monde. Mais que dit ce sûtra qui est le résumé des 600 volumes traduits par Kumarajîva (4ème siècle) et son équipe de plus de mille traducteurs, du sanskrit en chinois ? Pourquoi occupe t-il une place centrale dans l'enseignement de toutes les écoles du Mahayana, ou "Grand Véhicule " ?
Dans la première partie, ce sûtra nous dit d'observer la totale et grande liberté de l'être éveillé, par rapport au monde phénoménal, à ses conditions, ses formes, autrement dit le monde karmique des six sens. C'est le sujet d'interrogation de tous les êtres sensibles. Comment l'homme pourrait-il s'affranchir des conditions, de sa naissance, de sa vie émotionnelle et de sa destruction. Toutes les existences sont-elles réduites au corps physique et au cerveau ? Souvent, l'homme aspire alors à l'éternité d'une âme (skt. atman), comme dans l'ancien hindouisme. Cependant, dans le Mahayana, on ne va nulle part, ni au paradis ni en enfer, on revient vers le point d'origine, vers ce qui existait déjà avant notre naissance, avant la forme et l'esprit (jap. shinjin).
Dans la deuxième partie, l'accent est mis sur le pilier du Mahayana, le "Vide" ou "La Vacuité" (jap. Ku), tout est abandonné. C'est la négation totale, il n'y a ni vieillesse, ni destruction, ni naissance, ni souffrance, ni cessation de la souffrance. Il y a le monde phénoménal mais il n'y a pas de moi qui y soit impliqué (jap. mushotoku) et l'homme dispose du pouvoir d'en décider. "Si ceci est, cela est", si rien ne prend forme dans l'esprit, alors il n'y a personne pour être dans le monde phénoménal. Il y a là la fois existence et non-existence, c'est l'un des points clés de la logique de Nagarjunâ.
Dans la troisième partie, on réaffirme tout, il suffit d'oser enjamber le précipice et de sauter par-dessus l'océan du monde phénoménal. On atteindra la rive de la non-naissance, de la non-destruction.
Tout au long du livre, maître Deshimaru reviendra sur les détails de chaque kanji, de chaque sujet clé, il nous éclaire avec sa compréhension immédiate des paroles du Maka Hannya, et nous démontre que ce sûtra n'est en rien un traité philosophique. Au contraire, Bouddha y livre le dharma de la traversée, à l'image du Bouddha Shakyamuni, un homme - et non un Dieu. C'est l'enseignement "sans paroles" de la méditation zen, de Shakyamuni, de Kumarajiva, de maître Jo (ch. Sengzhao).